Quand les 'jambes spaghetti' de Grobbelaar font trembler la Roma

L'image a fait le tour du monde et repasse encore en boucle dans les compilations: après 120 minutes intenses (1-1) dans le Stadio Olimpico de Rome, une séance de tirs au but devenue historique se profile et le fantasque gardien de Liverpool a les jambes qui flanchent. Trop. L'exagération a sans doute fait rire les téléspectateurs mais elle a surtout servi à déconcentrer Francesco Graziani, quatrième tireur pour la Roma.

L'attaquant champion du monde de 'la Louve', 64 sélections au compteur, ne tient pas la pression: il envoie le ballon sur la barre et, du même coup, les 'Reds' sur le toit de l'Europe.

La faute à une chorégraphie improbable, sorte de danse narquoise façon patin avec les jambes en mousse, qui a élevé l'insolent zouave zimbabwéen au statut de légende des 'Reds'. Malgré treize saisons, six titres de champions d'Angleterre et six Coupes, un seul moment reste gravé dans la mémoire des supporters de Liverpool quand le nom de Bruce Grobbelaar est évoqué: les fameuses 'spaghetti legs' de Rome. 

"J'ai juste improvisé. Je me suis dit que, comme on était en Italie, j'allais faire des jambes spaghetti. Même les filets des buts ressemblaient à des spaghetti donc je les ai mangés", se remémore celui qui a aussi mordillé les filets avant le tir au but de Bruno Conti, également raté, puis tiré la langue à l'un de ses opposants, les mains sur les oreilles comme un enfant de maternelle.

Bruce est tout puissant, Liverpool est sacré roi d'Europe pour la quatrième fois, après ses titres en 1977, 1978 et 1981. La Roma, elle, n'a jamais plus disputé de finale européenne. 

"Je me marre toujours en y repensant. Les photographes étaient comme des fous. Je leur ai fait des clins d'oeil en dodelinant de la tête, je parlais tout seul... J'ai paralysé la Roma", ajoute-t-il.

Et, trente-quatre ans après, la demi-finale de l'édition 2018, qui oppose à nouveau Anglais et Italiens, ne peut aller que dans un sens pour le Zimbabwéen.

"Liverpool va gagner la demi-finale mais aussi la finale", glisse celui qui, à 60 ans, n'a rien perdu de sa malice. "Le football a été inventé par les Anglais, ne l'oubliez pas."