L'Irak n'a plus accueilli de matches internationaux comptant pour des compétitions depuis l'invasion du Koweït en 1990 et l'embargo international qui s'en est suivi.
La Fifa avait levé l'interdiction en 2012 avant de la réimposer peu de temps après à cause d'une coupure d'électricité intervenue pendant un match opposant l'Irak à la Jordanie dans la ville d'Erbil.
La Fifa autorise, "sous réserve que la situation reste stable", l'organisation de matches amicaux internationaux en Irak, sur trois stades (à Erbil, Bassora et Kerbala), mais pas de matches de compétition.
La ville méridionale de Bassora accueillera ainsi le 28 février un match amical entre l'équipe nationale irakienne et l'équipe saoudienne, qui vient jouer en Irak pour la première fois depuis quatre décennies.
"L'Arabie saoudite a un poids politique important. La présence de l'équipe saoudienne en Irak signifie beaucoup pour nous", explique le ministre irakien Abdel Hussein Abtane dans un entretien avec l''AFP' au stade international de Najaf.
Après de longues années de tensions, les relations entre les deux pays se sont considérablement améliorées. Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi s'est ainsi rendu en juin et octobre à Ryad, après une visite à Bagdad en février 2017 du ministre saoudien des Affaires Etrangères Adel al-Joubeir.
Réchauffement par le football
Depuis, les délégations commerciales se sont succédé et le réchauffement entre les deux pays se fait désormais par le football.
"J'espère que ce match donnera envie à d'autres équipes nationales de visiter l'Irak. Cela contribuerait à soutenir nos efforts pour obtenir la levée totale de l'interdiction décrétée par la Fifa de jouer sur nos stades", explique le ministre.
Bagdad "compte également sur la venue des équipes de Bahreïn, du Qatar et de l'Iran, qui ont toutes un poids politique et une influence dans le sport", ajoute-t-il.
Mais l'appétit de l'Irak ne s'arrête pas là. Bagdad pourrait en effet profiter de la crise diplomatique opposant le Qatar à d'autres pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, pour rafler à Doha l'organisation de la 24e Coupe du Golfe prévue en 2019, à laquelle participent outre les six monarchies arabes du Golfe, l'Irak et le Yémen.
"Cette question figurait à l'ordre du jour de notre visite à Doha (en janvier) (...) Nous ne voulons de relations conflictuelles avec aucun pays du Golfe (...) mais nous sommes en train d'agir comme si ce serait nous qui allions accueillir le tournoi", souligne le ministre Abtane.
Le ministre a par ailleurs critiqué le refus du club libanais de basket Riyadi de jouer en Irak pour des "raisons de sécurité", ce qui a poussé le transfert à Amman du championnat des clubs de basket d'Asie de l'Ouest qui devait se tenir du 12 au 16 mars à Bagdad.
"Nombreux travaux"
"Mais la question n'est pas réglée, la Jordanie ne souhaitant pas accueillir le tournoi", a-t-il dit.
"Il est regrettable qu'un club arabe de basket refuse de jouer en Irak pour des raisons de sécurité alors que des clubs arabes de football sont prêts à venir jouer chez nous", a encore dit le ministre Abtane.
"En tout cas cela n'affectera pas nos efforts pour lever l'interdiction de la Fifa", a-t-il assuré.
Quant aux stades défectueux, comme celui d'Erbil avec la panne d’électricité en 2012, il a souligné "que de nombreux travaux avaient été réalisés pour les mettre aux normes et beaucoup d'argent a été dépensé en ce sens".
Reste le problème préoccupant de la présence d'hommes armés dans les stades, comme quand un supporter du "club de la police" a ouvert le feu le 21 janvier sur le bus du club adverse sans faire de blessés.
"Les officiers dans les clubs d'institutions militaires assistaient aux matchs avec leurs voitures et leur armes et personne ne pouvait les arrêter", note-t-il.
"Mais maintenant c'est différent: en coordination avec le ministre de l'Intérieur nous avons mis fin à cette situation qui était en totale contradiction avec les règles de la Fifa", assure-t-il.