L'ancien attaquant du Séville FC était aux premières loges à Old Trafford pour assister à la qualification du club dans lequel il est resté sept années. Il a pris le temps pour Goal de revenir sur l'actualité des équipes qui l'ont vu évoluer, que ce soit l'OL, West Ham, Tottenham ou encore le club sévillan. Il en a aussi profité pour donner son ressenti sur l'état du foot actuel et ses futurs projets.
Tu as arrêté ta carrière de joueur professionnel, quel regard tu portes sur le football ?
Je pense que le football évolue tout le temps, physiquement, tactiquement et techniquement. C’est toujours très intéressant et stimulant. Je regarde pas mal de foot à la télé, j’aime bien regarder des championnats différents et voir les évolutions tactiques de ces différents championnats. Même au niveau physique ! On a même des stats qui prouve que les joueurs jouent à une intensité bien plus élevée qu’il y a 3-4 ans, donc encore plus qu’il y a 10 ans. Je ne sais pas jusqu’où ça va aller, c’est très intéressant.
Quel championnat t’intéresse le plus ? J’imagine que tu suis tes anciens clubs ?
Effectivement je suis mes anciens clubs avec plus d’intérêt. C’est vrai qu’avec Séville il y a une relation particulière parce qu’y suis resté plus longtemps, sept ans.
Quelles sont tes affinités avec Lyon aujourd’hui ?
J’ai toujours d’assez bonnes relations avec le club, j’y suis allé il n’y a pas longtemps, j’y ai organisé des choses, notamment des formations d’attaquants qui venaient de Dubaï (Kanouté habite à Dubaï, ndlr). J’avais organisé cela en partenariat avec l’OL, des jeunes joueurs étaient venus faire un stage de perfectionnement. J’ai également plusieurs anciens coéquipiers qui ont maintenant des postes dans l’encadrement, en formation. Concernant le club, je pense que la Ligue Europa était typiquement le genre de compétition faite pour l’OL qui a un haut niveau, mais qui parfois peut avoir du mal à concilier le championnat et d’autres compétitions. C’est dommage parce que c’est typiquement le genre d’équipes qui pouvaient aller loin dans la compétition.
Que penses-tu de la situation de West Ham qui aujourd’hui est à 2 points du premier relégable ?
Je trouve ça un peu triste. C’est dommage parce que parfois ils montrent des améliorations surtout quand Bilic y était. Quand il est arrivé ça se passait bien, l’équipe avait commencé à progresser mais malheureusement, avec ce club, on dirait qu’ils retombent toujours dans leurs travers. J’ai toujours beaucoup d’affection pour ce club parce que c’est le premier club dans lequel je suis allé quand j’ai quitté ma ville, mon club formateur, mon pays. C’était l’une des premières fois où je suis parti à l’étranger pratiquement. Ils m’ont très bien accueilli et c’était une superbe expérience, j’ai appris beaucoup et ça a été le premier pas pour après faire une carrière.
Est-ce que tu penses que Tottenham est Kane-dépendant ? Il est censé revenir courant avril. Tu penses qu’ils peuvent quand même se classer dans le Top 4 au final ?
Il vont avoir du mal devant le but parce qu’il est quand même exceptionnel. Mais je pense que Tottenham, c’est plus que ça. Ces dernières années l’évolution des Spurs a été impressionnante. Depuis l’arrivée de Pochettino ils jouent un autre football, c’est une vraie équipe avec un vrai système de jeu. Je pense qu’ils peuvent supporter l’absence d’Harry Kane.
En tant qu’attaquant, que penses-tu de la situation de Ben Yedder ? Il essuie beaucoup de critiques, pas titulaire mais finalement c’est lui qui envoie Séville en 1/4 de finale de Ligue des Champions…
Je reçois souvent des messages concernant Ben Yedder parce qu’il se rapproche des records que je battais là-bas. Il a de très bons résultats, de très bonnes stats. Mais c’est vrai que ça ne se reflète pas sur le temps de jeu qu’il devrait avoir. Cela fait 2 ans maintenant et on aurait pu attendre qu’il soit un titulaire indiscutable et il a du mal à passer ce cap. Je ne connais pas les raisons mais je trouve que c’est un très bon joueur, qui a une particularité d’avoir commencé en futsal. Cela lui donne cette habilité, surtout dans les espaces réduits.
Est-ce que maintenir Montella la saison prochaine est une bonne idée ?
C’est un peu tôt pour le dire. Il faut toujours donner du temps à un entraineur pour mettre ses idées en place, il a eu quelques bons résultats. Il faut voir comment il termine la saison, s’il arrive à coller aux 3-4 premiers. Actuellement ils sont 6e. Il apporte quelque chose, j’ai vu quelques matches où ils jouaient pas mal. Il faut plus de temps pour donner une note à un entraineur je pense. Et puis il a permis à Séville d’atteindre les ¼ de finale de Ligue des Champions !
Pour toi quelles sont les équipes africaines les mieux armées pour la Coupe du Monde ?
Le Sénégal peut créer une bonne surprise, il y a des possibilités dans leur poule. Le Nigéria ainsi que l’Egypte peuvent faire quelque chose aussi. Mon seul souhait c’est qu’une équipe africaine arrive au moins en demi-finale, parce qu’à chaque fois on s’arrête avant et ça serait fantastique d’en avoir une à ce stade. De toute façon c’est une question de temps pour qu’une équipe africaine gagne la Coupe du Monde. Il faut y aller petit à petit et atteindre les demi-finales, c’est déjà pas mal.
Pour toi, qu’est-ce qui a manqué au PSG dans cette Ligue des Champions ?
Le PSG s’est bâti ces quelques années avec beaucoup de stars, mais il faut un moment de stabilité pour construire une grosse équipe. C’est vrai que de gros joueurs ne font pas toujours forcément une grosse équipe. Il faut une institution forte derrière, un club avec une philosophie, quelque chose qui commence à s’ancrer dans le système. Mais je dirais que sur le terrain il faut juste être un peu plus réaliste. Sur le premier match des 8e, Paris peut s’en mordre les doigts parce qu’ils auraient pu obtenir un meilleur résultat. Le Real, ça a été le contraire, ils ont eu quelques occasions et ont été super réalistes. Ça c’est l’expérience. Les Madrilènes ont plus d’expérience en tant qu’équipe.
Tu as eu l’occasion d’affronter Unai Emery en Espagne, qu'est ce que tu penses de ses performances au PSG ?
Moi je l’aime bien honnêtement. Parfois je rendais visite à mes anciens coéquipiers à Séville. Quand il y avait des entrainements je regardais et il a cette intensité, cet engagement avec l’équipe. Il est à fond dedans ! C’est un vrai passionné du foot et il faut lui reconnaître. J’aime les entraineurs passionnés et c’est son cas. Tactiquement, j’aime bien aussi. Il joue avec des joueurs qui sont extraordinaires donc la tactique c’est pas forcément nécessaire, ça passe après….Mais c’est vrai qu’en étant entraineur du PSG, ça ne te stimule pas au niveau de ton plan tactique parce que tu sais que de toute façon tu vas avoir des joueurs qui vont faire la différence. J’aurais aimé l’avoir comme entraineur.
Est-ce que tu te vois entraineur de Séville ?
Non. J’ai passé certains diplômes d’entraineur, en Angleterre notamment. J’ai une académie à DubaÏ ainsi qu’une société de management et consulting. On accompagne des clubs en Afrique notamment, on les conseille sur l’entrainement et on les aide à se professionnaliser. On accompagne aussi individuellement les joueurs, les plus talentueux, on les introduit dans le football européen. L’originalité c’est qu’on s’occupe de la formation des joueurs puis on les envoie dans nos clubs partenaires (deux en Afrique et un au Brésil). On connaît très bien ces joueurs et on les suit. Pour en revenir à mes diplômes d’entraineur, c’était plus par curiosité parce que dans mon travail de consultant j’ai besoin d’avoir une opinion plus précise dans ce domaine. Quand je vais au Mali, je m’occupe de ces clubs, j’aime bien entrainer. Je le fais mais je n'ai pas pour ambition d’entrainer pour le moment.
En 2015 tu avais dit que tu souhaitais accueillir entre 100 et 150 enfants dans ta fondation. Tu as atteint cet objectif ?
Non, on s’occupe de 70 enfants aujourd’hui et on essaie de grandir de manière naturelle car ce sont…des enfants justement. C’est pas une question de quantité mais de qualité, notamment dans l’accompagnement qu’il soit psychologique, matériel et éducatif. Chaque année on essaie d’introduire 5 à 10 enfants. On est en train de développer notre branche éducative, on a une maternelle, une primaire. On ouvre le collège là, on a un centre de formation des métiers pour qu’ils apprennent un métier. On a un programme d’agriculture, d’élevage pour devenir autonome financièrement dans quelques années. C’est un projet qui me tient beaucoup à cœur et ça se passe très bien.