Juste avant le coup d'envoi, une bonne partie des quelque 25.000 supporters barcelonais présents dans la partie sud du stade Metropolitano de Madrid ont conspué la 'Marche royale', hymne de l'Espagne, comme ils l'avaient fait lors des quatre précédentes finales.
Mais dans le virage nord, les supporters sévillans ont pour leur part scandé "La la la, la la la" en suivant le rythme de cet hymne sans paroles, tentant de couvrir les sifflets catalans.
Et au cri "independencia" lancé par le public barcelonais, les Sévillans ont répondu en entonnant un "Viva España".
L'atmosphère était pourtant globalement bon enfant en présence du roi d'Espagne Felipe VI, en tribune d'honneur pour remettre le trophée à l'équipe victorieuse.
Mais qui dit Barça dit politique: le club étant un étendard et une caisse de résonance de l'identité catalane, ses supporters ont régulièrement pris parti en faveur de la cause séparatiste pendant la vive crise politique survenue ces derniers mois.
Au stade Metropolitano samedi, l'absence de personnalités de premier rang normalement abonnées à cette finale annuelle symbolisait aussi le climat politique espagnol du moment.
Pas de président catalan
Le président de la Catalogne n'était pas là: la région n'a pas de gouvernement depuis la tentative d'indépendance de la Catalogne le 27 octobre, qui s'est soldée par la destitution de Carles Puigdemont et la mise sous administration directe de la région par Madrid.
Même si de nouvelles élections ont été organisées, le Parlement régional n'a pas pu, depuis, investir de nouveau président, les candidats, dont M. Puigdemont, étant en fuite à l'étranger ou en prison. La maire de Barcelone Ada Colau n'avait pas non plus fait le déplacement.
Absent aussi le président de la Fédération espagnole de football: ce poste doit être pourvu dans les prochaines semaines après la destitution d'Angel Maria Villar, empêtré dans une affaire de corruption.
La présidente de la région de Madrid, la conservatrice Cristina Cifuentes, aurait pu assister à un match se déroulant dans la capitale de sa région. Mais ses apparitions publiques se font plus rares depuis qu'elle fait pour sa part face à un autre scandale, en lien avec un master qu'elle aurait obtenu grâce à des irrégularités.
Mais au final, c'est le football qui a pris le dessus samedi. Dans un stade qui l'a longuement ovationné, Andrés Iniesta a reçu le trophée des mains du roi, peut-être le dernier avant son probable départ vers la Chine. Loin des méandres de la politique espagnole.