C’est l’un des rendez-vous incontournables de la Serie A : le derby de Rome. Les deux formations affichent une forme éblouissante depuis la reprise : 28 points pour la Lazio, 27 pour son ennemi juré, alors que les deux équipes comptent un match en moins. Une belle affiche sur le plan sportif donc, mais qui ne peut faire oublier le contexte houleux des dernières semaines en Italie : cris racistes dans la Curva Nord laziale, des autocollants à l’effigie d’Anne Frank placardés dans la tribune de la Roma…
Il n’empêche que les deux formations jouent gros ce samedi. Au-delà des aspects comptables et capitaliser sa place en haut du classement, il sera évidemment question d’hégémonie locale. De plus, le derby aura une saveur particulière : ce sera le premier disputé sans Francesco Totti depuis le 29 novembre 1992, retiré des terrains depuis mai dernier et épilogue captivant contre le Genoa.
25 années ont ainsi passées et le "Capitano" a laissé un legs conséquent derrière lui. Pourtant des joueurs à l’esprit romain et qui ont bien conscience de l’importance de ce rendez-vous sont dans l’effectif des Giallorossi. Évidemment, impossible de ne pas penser à Daniele De Rossi. Seulement cinq jours après le psychodrame de Milan et l’élimination de l’Italie par la Suède en barrage de Coupe du Monde, le milieu défensif va disputer un énième derby mais dans un rôle de capitaine qu’il connaît désormais depuis deux saisons, ses qualités de meneur d’hommes seront précieuses pour Di Francesco, le technicien romain.
Après De Rossi, Florenzi et Pellegrini seront là
En 2012, De Rossi avait expliqué à ESPN son lien avec la ville éternelle. "Je suis né à Rome. Pour moi, c'est normal de jouer ici (…) Pour moi, c'est génial. Je suis venu au centre d'entraînement quand j'avais 12 ans. C'est ma maison." Le joueur de 33 ans a ainsi été un acteur majeur des derniers derbys. Buteur, passeur mais aussi gifleur, comme ce soir de novembre 2012 où sa main avait caressé tendrement la joue de Stefano Mauri, capitaine laziale. Plus que jamais dans ce type de rencontre, le sang d'un joueur ne peut faire qu'un tour et provoquer des conséquences irrémédiables.
De Rossi ne sera pas éternel et on peut deviner qu’il ne lui reste que deux à trois années au sein de l’effectif romain avec une retraite ou pourquoi pas une pige à l’étranger, lui qui a déclaré à plusieurs reprises son affection pour les États-Unis. Pourtant après sa fin, il y aura encore d’autres joueurs pour assumer cette culture romaine au sein de l’équipe. Alessandro Florenz et Lorenzo Pellegrini ont l’étoffe pour prendre en main cet héritage. Le premier est revenu de deux blessures consécutives aux ligaments croisés, le second a été rapatrié après deux saisons convaincantes en prêt du côté de Sassuolo.
Florenzi avait raconté en 2015 comment il avait découvert la fierté de supporter la Roma au site officiel du club. "Je pense que je devais avoir quatre ou cinq ans quand j'ai commencé à regarder des matches à la télé avec mon père, c'est alors que j'ai commencé à comprendre le football, les règles et qui était l'équipe giallorossi (...) L'un des premiers joueurs que j'ai vu de près était le capitaine. Je me souviens avoir pensé qu'il avait l'air très grand et je me sentais plutôt intimidé, mais il n'a eu besoin que d'une seul mot pour que je me sente tout de suite à l'aise." Avec Pellegrini, tous les deux sont nés dans la capitale italienne et ont arpenté les murs de Trigoria, le centre d’entraînement de la Roma, depuis leurs plus jeunes âges. De quoi laisser en paix Francesco Totti à propos de la perpétuation de l’esprit romain à court, moyen et même long terme.