Corrigé dimanche par la Lazio Rome (4-1), l'AC Milan est brutalement redescendu sur terre après un été en apesanteur, entre ambitions retrouvées sur le mercato et victoires faciles sur le terrain.
L'excitation des tifosi, l'argent des nouveaux propriétaires chinois, les 200 millions d'euros investis pour recruter 11 joueurs, les rêves de podium immédiat : patatras, tout cela a été balayé par la Lazio, supérieurement organisée et portée par un grand Ciro Immobile.
Par contraste, le Milan est apparu comme un immense chantier, avec des joueurs perdus, se connaissant encore mal et, pour certains, n'évoluant pas à leur meilleur poste.
Pour décrire le tout, le commentateur télé italien Fabio Caressa a usé de la métaphore culinaire : "Si j'ai des tortellini, de la crème et des champignons, je ne peux pas faire une amatriciana" (des pâtes à la sauce tomate épicée, ndlr).
Les succès en trompe-l'oeil face aux modestes Cagliari et Crotone en Serie A, ainsi que Craiova et Shkendija en C3, ont en effet caché l'évidence : le Milan n'est pas prêt, ce qui est parfaitement logique après avoir été rebâti de fond en comble cet été.
"Les compliments nous ont distraits. Nous ne sommes pas encore une équipe", a ainsi reconnu l'entraîneur Vincenzo Montella, dont les choix à Rome ont surpris.
Sur la route de la C1
Jeudi à Vienne, il devrait ainsi revenir au 3-5-2 qui semble le plus adapté à son effectif, et notamment à son capitaine Leonardo Bonucci, piqué cet été à la Juventus et dont la réputation de meilleur défenseur d'Italie a été mise à mal dimanche par Immobile.
Mais au-delà de la cuisine interne et des nécessaires ajustements à apporter à une équipe encore en rodage, ce match à Vienne porte une véritable importance sportive, les Milanais ne pouvant pas se permettre le luxe de laisser l'Europa League de côté.
"Pour nous, c'est une compétition importante, prioritaire même. Nous ne la jouerons pas avec l'équipe B parce que nous voulons aller le plus loin possible et améliorer notre classement UEFA", a déclaré mardi l'administrateur délégué du club Marco Fassone dans une interview au Corriere dello Sport.
Surtout, une victoire en C3 offre une place la saison prochaine en Ligue des champions, une option supplémentaire pour les Lombards, qui ont les armes pour finir parmi les quatre premiers de Serie A mais aucune garantie au vu de la concurrence (Juventus, Naples, AS Rome, Inter Milan, Lazio, voire Atalanta Bergame et Torino).
Même si Milan ne l'a plus disputée depuis la saison 2013/14, les nouveaux dirigeants du club assurent qu'une nouvelle non-qualification pour la Ligue des Champions ne serait "pas un drame".
Mais avec les 200 millions d'euros investis cet été sur le mercato, un emprunt considérable à rembourser d'ici un an au fonds américain Elliott et un rendez-vous fixé en novembre avec les experts du fair-play financier de l'UEFA, il est évident que la C1 est au cœur du "projet". La C3, elle, n'est qu'une étape.