Le temps où les joueurs d'Arsenal célébraient avec fierté le St-Totteringham, ce fameux jour qui survient à chaque fin de saison où ils sont sûrs de ne plus être rattrapés par les 'Spurs' au classement, est révolu. Non, aujourd'hui, c'est d'en bas et avec un brin de jalousie que les 'Gunners' contemplent les résultats de leurs ennemis jurés. Et quoi de plus normal quand on connait la rivalité qui existe entre ces deux formations. Une vraie révolution au bout de vingt-et-une années où le nord de Londres s'était toujours drapé de rouge et de blanc.
En mai dernier, Tottenham bouclait donc son exercice en Premier League devant Arsenal. Les hommes de Pochettino avaient déjà failli le faire l'année d'avant, mais un faux-pas lors de la dernière journée leur avait été fatal. En 2017, en revanche, il n'y avait aucun risque pour que cela arrive vu que l'écart final entre les deux équipes était de 11 points. Les 'Gunners' ont perdu le pouvoir, et ils ne l'ont plus récupéré depuis. Le début de la nouvelle campagne s'inscrit dans la lignée de la précédente avec des 'Spurs' qui maintiennent le cap et préservent leurs distances sur leur voisins honnis.
Les Spurs n'ont plus aucun complexe à nourrir
Aujourd'hui, à la lecture des résultats, il n'est pas incongru d'avancer que Tottenham est plus performant qu'Arsenal. Mais, faut-il pour autant déduire que le projet des 'Spurs' est plus solide que celui des 'Gunners' ? Est-ce vraiment un nouveau règne qui débute ou une simple parenthèse avant le retour des 'Rouges et Blanc' au premier plan ? Et, d'autre part, peut-on se baser uniquement sur les accomplissements sportifs du moment pour décréter une passation de pouvoir ?
Les questions sont donc nombreuses et il y a fort à parier que les réponses le seront encore plus. Toutefois, s'il y a une vérité qui saute aux yeux et qu'il est difficile de contester aujourd'hui c'est qu'il n'existe plus de fossé entre les deux clubs. Arsenal et Tottenham n'ont jamais été aussi proches, tant au niveau du rendement, que de l'attractivité ou de la stabilité qui caractérise leurs structures (direction, staffs), voire leurs modèles économiques.
Le point qui illustre le plus ce rapprochement c'est clairement la faculté que chaque camp a de s'attirer des renforts. Dans les années 2000, Tottenham ne pouvait guère rivaliser dans ce domaine. Aujourd'hui, c'est le cas. Les 'Spurs' présentent non seulement suffisamment d'arguments pour avoir les éléments qu'ils convoitent, mais ils arrivent aussi à retenir leurs meilleurs joyaux. Deux choses qu'Arsenal a un peu du mal à faire ces dernières années, ou alors en s'engageant dans de regrettables bras de fers comme ce fut le cas avec Mesut Ozil et Alexis Sanchez.
Un club tourné vers l'avenir et l'autre nostalgique de son passé
L'autre important cap franchi par Tottenham se situe dans son aptitude à travailler sur le long terme et ne pas tout remettre en question à la moindre contre-performance. Lors des seize premières années d'Arsène Wenger à Arsenal (1997-2013), treize coaches différents se sont succédés à la tête des 'Spurs'. Mais, depuis 2014, il n'y a eu qu'un seul technicien sur le banc de l'équipe, en la personne de Mauricio Pochettino. L'Argentin devrait égaler l'année prochaine Harry Redknapp, seul coach à être resté plus de trois ans à White Hart Lane en Premier League.
L'ancien défenseur du PSG fait la fierté des supporters de Tottenham et on peut aussi penser qu'il ferait le bonheur de ceux d'Arsenal. Malgré tout ce qu'il a apporté à son club, Wenger ne fait clairement plus l'unanimité du côté de l'Emirates Stadium. Les très longues années passées sans le moindre titre en championnat (13) ont fait baisser sa popularité et ils se sont de plus en plus nombreux à réclamer son départ. Un contraste évident avec ce que vit Tottenham et il ne peut être sans incidence sur les dynamiques des deux équipes.
Le seul domaine où Arsenal a encore de l'avance et où il parait même être intouchable c'est le palmarès. Tottenham est à la traîne au niveau des titres amassés, et sa montée en puissance de ces dernières années ne lui a pas encore permis de rectifier le tir. Depuis 1991, les seuls trophées qui sont venus enrichir son musée sont les League Cups. Les 'Spurs' auront beau se féliciter des progrès réalisés, ils ne pourront vraiment narguer leurs opposants que lorsqu'ils auront comblé ce retard, ne serait-ce que partiellement. Le chemin est encore long mais au moins ils sont sur la bonne voie. Et le derby de samedi pourrait bien le confirmer.